La louve, de grande taille et aux poils d'argent, pile net devant l'arbre, tourne pratiquement à 90°, saute sur sa proie. Le pauvre animal se débat. En vain. Les délicats os du lièvre craquèrent comme des brindilles sous les mâchoires puissantes de l'animale. Les yeux turquoises brillaient de satisfaction alors que le sang chaud envahissait sa gueule. Sentant le dernier souffle de vie, le dernier battement de cœur de l'animal qui s'éteint. Lentement, avec satisfaction, elle commence à manger sa proie, déchirant la peau fine, les muscles et craquant les os. Une vie qui s'éteint pour que survive une autre. C'est ainsi que vivait Kaya depuis quelques mois. En solitaire, dans la forêt. Telle une louve. La saison des amours était passée, elle était la seule à ne pas avoir pris de compagnon. Pourquoi? Peut-être que ses racines humaines la rattachait encore à l'envie de sentir sur sa nuque le souffle délicat d'un représentant masculin de sa véritable espèce. Car même si elle est louve, elle reste Kaya. La petite Kaya qui apprend à se servir d'une arme, la petite Kaya qui voit son passé bruler sous ses yeux... La louve gronde. Sans le savoir, elle s'est rapprochée de cette école où elle avait si peu vécu. Malgré ça, des flashs la prennent. Un homme. Qui est-il? La mémoire faite de sons et d'odeur de la louve ne lui permette pas de le dire. La louve s'aplatit au sol. Elle a entendu un bruit. Elle gronde pour ne pas qu'on s'approche d'elle. Elle ne compte pas abandonner son déjeuner... Peut-être que la personne qui la trouvera sera l'une des rares personnes à qui elle avait parlé de ce qu'elle sentait, de son âme de loup. Peut-être...