Repos...

Kaya s'était affalée sur son lit. Elle se sentait vide et elle sentait sur ses lèvres le gout de celle d'Edwin. Doux...Elle ferma les yeux, fermant son esprit à toute pensée. Elle s'endormit, épuisée sans avoir rien fait. Elle dériva, rêva du jour où son enfance prit brutalement fin. Les flammes. Le sang. L'odeur de la chair brulée...Son frère mourrant dans ses bras. Sa haine. Sa colère et sa souffrance. Elle pleurait dans son sommeil, souffrant autant que ce jour. Cette douleur qui ne l'avait jamais quittée avait brutalement refait surface. Elle se réveilla, en larme. Elle se redressa, se leva. Ses jambes tremblantes la soutenaient à peine. Elle s'appuya sur le rebord de sa fenêtre. Regarda dehors. Elle enfouit son visage dans ses mains, sachant qu'elle ne retiendrait pas longtemps ses larmes. La blessure s'était rouverte. Sa famille lui manquait, quoi qu'elle en dise. Une larme coula, bientôt suivie d'une autre. Elle les essuya, regardant dehors.

Des bruits de pas étouffés, un fredonnement de notes mélangées à quelques paroles sans suite, et voilà qu'Elvire rompait le silence qui s'était abattu sur le dortoir qu'elle pensait être le sien.
Une besace sur l'épaule droite en guise de bagages, la jeune femme pénétra dans la pièce qui était tout aussi sombre que le ciel. La seule lumière provenait d'un mince morceau de lune qui se battait contre une armée de nuages qui en voulait toujours plus. Depuis quelques heures déjà, la nuit était tombée enveloppant l'école d'une douce tiédeur illusoire.

Plissant ses yeux couleur d'océan déchaîné, Elvire avança prudemment dans le dortoir. Elle n'avait aucune envie de trébucher une nouvelle fois; le souvenir de l'armure était encore bien présent dans son esprit, merci. Un reniflement lui parvint alors, semblable au son que l'on émet lorsqu'on a trop pleuré et que les larmes coulent d'elles même sans vouloir s'arrêter...
La nouvelle arrivante interrompit son flot de paroles insensées, se concentrant sur le léger bruit. Une autre personne se trouvait là. Et, évidement, la jeune femme qu'était Elvire ne savait pas quoi faire. Ignorer ? Partir ? Non, aucune de ses solutions ne lui plaisait... Elle n'avait cependant pas envie de rester comme ça, à attendre dans la pénombre. Attendre quoi, d'ailleurs ?
Elvire soupira imperceptiblement en posant son regard sur la silhouette encore inconnue qui se trouvait accoudée à la fenêtre.

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